Le 15 novembre 2024, Izaï TOE, Secrétaire Exécutif de l’ABDI (Association Burkinabè des Domaines Internet), était l’invité spécial de l’émission Prime Time sur la chaîne C360. Cette intervention marquante a permis de mettre en lumière l’importance de l’identité numérique burkinabè à travers le domaine « .bf » et les opportunités qu’il offre pour le développement socio-économique du pays.
Les sujets abordés
Au cours de cette émission, plusieurs thématiques essentielles ont été développées :
L’identité numérique nationale : pourquoi le domaine « .bf » est crucial pour asseoir une présence en ligne authentique et souveraine au Burkina Faso.
Les enjeux de l’industrie des noms de domaine : un secteur stratégique pour l’économie numérique et l’autonomisation des jeunes.
Les projets de l’ABDI : initiatives en cours pour rendre les noms de domaine plus accessibles, promouvoir l’entrepreneuriat numérique et soutenir l’innovation locale.
Un moment clé pour sensibiliser
L’émission a également été l’occasion d’expliquer comment le choix d’un domaine local, tel que « .bf », participe à la protection des données et à la souveraineté numérique du Burkina Faso. Izaï TOE a souligné le rôle des jeunes et des entrepreneurs dans la dynamisation de cette industrie, tout en rappelant que des opportunités concrètes existent pour ceux qui souhaitent s’investir dans ce secteur porteur.
Pour ceux qui ont manqué l’émission
Si vous n’avez pas pu suivre la diffusion en direct ou la rediffusion, l’enregistrement est désormais disponible. Lien
IPv4 et IPv6 sont deux versions du protocole Internet (IP) utilisées pour identifier les appareils sur les réseaux et acheminer le trafic sur Internet. IPv6 est la version la plus récente, conçue pour remplacer IPv4 et résoudre le problème d’épuisement des adresses IP, améliorant certains aspects techniques. La migration d’IPv4 à IPv6 a débuté depuis quelques années au Burkina et des défis demeurent. Pour en parler, nous avons rencontré Brice Abba, responsable de l’engagement communautaire chez le Régistre africain d’internet (AFRINIC). C’était le vendredi 15 novembre 2024 à Ouagadougou, au siège de l’Association burkinabè des domaines Internet (ABDI).
Lefaso.net : Dans quel cadre séjournez-vous au Burkina Faso ?
Brice Abba : Ma visite au Burkina Faso s’inscrit dans le cadre du soutien du Registre africain d’internet (AFRINIC) pour tout ce qui concerne le développement d’Internet. Il y a actuellement la Semaine du numérique au Burkina, et je suis venu pour parler de tout ce qui concerne les technologies émergentes, la gestion des ressources et comment le Régistre accompagne les États africains dans le développement d’Internet.
Parlez-nous davantage d’AFRINIC
AFRINIC est le Registre du réseau Internet pour l’Afrique. Sa fonction principale est de gérer les adresses IP pour la région Afrique. Il existe trois types d’adresses IP : les adresses IPv4, les adresses IPv6 et les numéros de systèmes autonomes.
À quoi servent ces numéros ?
Les numéros de systèmes autonomes permettent d’identifier chaque réseau sur Internet. L’ABDI est membre d’AFRINIC et possède son propre numéro de système autonome. Sur Internet, l’ABDI a une identité numérique. Chaque réseau dans le monde est identifié par ce numéro. Par exemple, Orange Burkina ou Moov ont chacun un numéro de ce type sur Internet. Tous les opérateurs qui ont acquis des ressources numériques auprès d’AFRINIC ont une présence sur Internet.
Les adresses IP, quant à elles, servent à identifier les ordinateurs, les téléphones, les réfrigérateurs, les téléviseurs… qui se connectent à Internet. Derrière chaque numéro de système autonome, représentant un réseau, il y a plusieurs équipements connectés, identifiés par des adresses IPv4 et/ou IPv6.
Quelle est la différence entre les adresses IPv4 et IPv6 ?
La différence réside principalement dans la taille. C’est un peu technique, mais faisons simple. Prenons les numéros de téléphone : à une époque, les numéros de téléphone avaient six chiffres. Avec l’augmentation des abonnés, il a fallu passer à huit chiffres, puis à dix chiffres, etc.
On utilisait le protocole IPv4 est codé sur 32 bits, offrant environ 4 milliards de possibilités. Cependant, aujourd’hui, presque toutes ces adresses IPv4 utilisables sont presque épuisées. En Afrique, il nous reste environ 1 100 000 adresses IPv4. En Europe et en Amérique, il n’y a plus d’adresses IPv4. En Asie-Pacifique, il y a encore quelques adresses IPv4 disponibles. Seuls AFRINIC et la région Asie-Pacifique ont encore des adresses IPv4.
Les adresses IPv6, elles, sont codées sur 128 bits, offrant des trillions de trillions de trillions d’adresses, bien plus que les 4 milliards d’adresses dont dispose IPv4. Pendant la Semaine du numérique, j’ai expliqué qu’avec les membres d’AFRINIC au Burkina Faso, nous avons attribué des blocs d’adresses IPv6. Avec ces blocs, chaque personne au Burkina Faso peut avoir plusieurs adresses IPv6 alors qu’en adresse IPv4, une adresse IPv4 est partagée par 70 Burkinabè.
Comment cet épuisement des adresses IPv4 affecte-t-il le développement des pays comme le Burkina Faso ?
Comme mentionné, les adresses IP permettent de connecter les équipements à Internet. En Afrique, le taux de pénétration d’Internet est d’environ 40 %. Au Burkina Faso, il est de 50 % avec la 3G et la 4G. Pour augmenter ce taux, il faudra passer à IPv6, car les adresses IPv4 restantes sont insuffisantes. Le développement numérique, avec des services dématérialisés comme e-santé, e-gouvernance… nécessite des adresses IP. En Europe, le passage à IPv6 a été une nécessité pour connecter plus de réseaux. C’est ce qui est en train d’arriver ici.
Quelle est la situation de cette transition vers IPv6 au Burkina ?
Au Burkina Faso, je travaille avec la communauté technique depuis plusieurs années. Nous avons organisé de nombreuses formations sur IPv6 et en 2022, j’étais là lors de la mise en place d’un Task Force IPv6. Hier (14 novembre 2024, ndlr), j’ai rencontré la responsable du Task Force IPv6 pour discuter de la réorientation de nos efforts pour ce qui est de la migration vers IPv6. Il y a du potentiel en IPv6 au Burkina.
Aujourd’hui, ce qui est important, c’est que la connectivité IPv6 existe déjà grâce aux opérateurs Internet. Il est important d’informer la population. Mais comme je le dis toujours, l’utilisateur final n’a pas besoin de savoir si c’est de l’IPv4 ou de l’IPv6, il veut juste une bonne expérience Internet. La partie technique est gérée par les opérateurs télécoms. Cependant, l’État, via des structures comme l’ARCEP ou l’ABDI, peut donner l’exemple en déployant IPv6 dans des universités pour montrer que cela fonctionne et que ce n’est pas un mythe.
Cette transition induit-elle un gain en termes de sécurité et de fluidité ?
Le projet IPv6 était principalement conçu pour garantir l’évolution de l’Internet. C’était la priorité. Comment faire pour que dans 50 ans, dans 100 ans, on ne soit pas en train de réfléchir à quel type de numéro attribuer à nos équipements pour se connecter à Internet. Dans notre usage d’IPv4, nous avons constaté qu’il y avait des problèmes qui ont été améliorés lors de la normalisation d’IPv6.
Donc, les problèmes liés à l’utilisation du protocole IPv4, qui sont assez gênants dans le fonctionnement des réseaux, ont été corrigés avec IPv6. Retenons qu’il existe des mécanismes de sécurité tant pour l’implémentation d’IPv4 que d’IPv6.
Il y a un mécanisme de sécurité bien connu appelé IPSec. Ce mécanisme de sécurité existe nativement dans le design d’IPv6, alors que pour IPv4, il est venu après coup. C’est pourquoi certains disent qu’il y a un mythe de sécurité IPv6 au niveau 3.
Cependant, le protocole IPv6 en lui-même aide à améliorer certaines sécurités. J’ai mentionné qu’au Burkina, une adresse IPv4 est partagée par 70 personnes. Donc, lorsqu’il y a une infraction commise par l’une de ces personnes, il est difficile, trois mois après, de dire à qui cette adresse avait été attribuée à telle heure, tel jour lors de la commission de l’infraction.
En matière de cybersécurité, il est plus complexe d’utiliser des adresses IPv4 pour identifier les usagers d’Internet. Avec IPv6, il y a une certaine facilité, ce qui aide à la cybersécurité. Il y a aussi une optimisation du routage. Ce sont des améliorations au niveau du protocole en lui-même et de ses spécificités qui se traduisent par un gain en termes de qualité.
Comme je l’ai dit, une nouvelle technologie qui arrive corrige les erreurs connues, mais elle peut aussi venir avec de nouveaux problèmes. Cependant, ces problèmes ne sont pas insurmontables. Ce sont en réalité des comportements liés au fonctionnement du protocole, mais que l’on essaie de maîtriser.
IPv6 n’en est qu’à ses débuts au Burkina Faso. Quelles sont les étapes essentielles à suivre pour cette transition ?
Il y a des étapes, mais le plus important n’est pas de se focaliser sur celles-ci. Il y a des alternatives.
Par exemple, si Orange Burkina décide de donner IPv6 à ses clients, il ne va pas attendre de suivre toutes les étapes. Il va les suivre en interne. En Côte d’Ivoire, Orange est en train de donner IPv6 à ses clients parce qu’ils ne peuvent plus connecter de nouveaux clients en IPv4. Cela va bientôt arriver au Burkina et sera généralisé. Il y a déjà Canalbox qui offre IPv6 à ses clients.
En termes d’étapes, lorsqu’une entreprise ou un pays veut déployer IPv6, la première étape est la formation, puis la communication.
Lorsque vous formez vos ingénieurs, vous communiquez dans les médias. Lorsque la communication est faite, on revient aux réseaux et on prend les blocs d’adresses IPv6 chez AFRINIC. Vous dites à AFRINIC que vous voulez déployer IPv6 dans votre réseau, mais que vous n’êtes pas encore membre. Vous allez alors entamer le processus pour devenir membre d’AFRINIC. Une fois cela fait, vous aurez vos blocs IPv4 et IPv6. Ensuite, vous décidez comment vous connecter à Internet. C’est ce qu’on appelle le choix du mécanisme de transition. On veut déployer IPv6, on a nos blocs d’adresses IPv6, mais au Burkina, y a-t-il quelqu’un qui peut donner accès à Internet avec IPv6 ? Si oui, cela influencera le choix du mécanisme de transition.
Je choisis l’option A parce qu’il y a un opérateur, l’option B parce qu’il n’y a pas d’opérateur. Je prends l’option C parce qu’il y a un opérateur, mais ce n’est pas sûr… En fonction de cela, vous choisissez le mécanisme de transition qui convient, puis vous continuez avec toute la partie technique.
Vous commencerez par faire votre adressage, annoncer vos préfixes, dire à Internet que vous êtes ABDI : “Voici mon bloc, voici le numéro de mon réseau”. Ensuite, vous célébrez les victoires d’un service délocalisé, par exemple, en le rendant accessible à la population sur IPv6.
Les bonnes pratiques sont que si vous avez www.abdi.bf, vous allez créer ipv6.abdi.bf pour vous assurer que tout le développement logiciel fonctionnant en IPv4 est compatible avec IPv6. Lorsque les sites en IPv4 fonctionnent également en IPv6, on peut éteindre les sites web qui étaient exclusivement en IPv4 et les rendre accessibles en IPv4 et IPv6.
C’est ainsi que l’on effectue la migration jusqu’à un déploiement complet. Au niveau du réseau, c’est assez technique. Quel est le protocole de routage utilisé ? Est-ce que le protocole de routage supporte IPv6 ? Si oui, doit-il être amélioré ? Il y a aussi l’audit de notre système d’information. Nous avons un formulaire pour aider nos membres à effectuer un audit complet de leur système d’information, afin de savoir où des améliorations sont nécessaires, quels équipements doivent être remplacés. Certaines banques ont des serveurs très robustes datant de 1990 qui fonctionnent très bien et qu’elles ne veulent pas changer. Il existe des mécanismes de transition pour les aider à pouvoir recevoir et envoyer des données sur IPv6.
Quels sont les pays d’Afrique de l’Ouest qui sont en avance par rapport à cette transition ?
Il y a plusieurs statistiques. 90% des pays en Afrique de l’Ouest ont déjà commencé la transition. Il y a la question du contenu. Y a-t-il du contenu en IPv6 au Burkina Faso ? Au Burkina, il y a très peu de contenu, environ 1%. Mais si vous êtes au Burkina et que vous avez des coopérants chinois ou russes, sachez que dans leur région, il n’y a pas de IPv4. Ils ont tout en IPv6. Ils arrivent à se connecter à leurs serveurs car vous leur donnez la possibilité d’accéder à IPv6 sans problème. Dans les autres pays de la sous-région, il y a très peu de contenu, environ 10 à 15%. Certains pays sont à environ 20%. Le Burkina a beaucoup d’utilisateurs mais très peu de contenu. Cela est peut-être dû à ses partenaires stratégiques ici qui vont prendre du contenu IPv6. Dans d’autres pays, il y a du contenu mais peu d’utilisateurs.
Aujourd’hui, quels sont les véritables défis de cette transition ?
Les défis actuels sont des défis idéologiques en ce sens que, techniquement, nous savons comment effectuer cette transition. Les équipements fabriqués depuis 2000 supportent IPv6. Nous sommes en 2024. Aujourd’hui, si vous regardez votre appareil photo, il supporte IPv6, tout comme cette télévision (accrochée dans la salle de réunion de l’ABDI, ndlr) et nos smartphones. Même si vous n’avez pas la formation ou la capacité de le faire, il y a des personnes qui peuvent vous accompagner. Voilà pourquoi je parle de défis idéologiques.
Il y a de la réticence à tout ce qui est nouveau. En général, il n’y a pas de réticence aux nouvelles voitures, mais il y a de la réticence aux nouvelles marques de voiture. Quand vous êtes au bureau, votre directeur a accès à Internet ; si vous lui dites qu’il faut passer sur IPv6 et qu’il vous demande pourquoi, et que vous lui dites que c’est pour Internet, il vous répondra qu’il a déjà Internet. Il faut lui expliquer que l’adresse que vous utilisez est partagée par tout le monde au bureau, et que si cette adresse est blacklistée parce qu’un staff a fait des bêtises sur Internet, vous n’aurez plus accès à Internet.
En 2018, nous avons mené une étude pour demander aux ingénieurs que nous avions formés avant 2010 pourquoi ils n’avaient pas encore complètement déployé IPv6. La première réponse qui revenait était qu’ils n’étaient pas sûrs d’être assez compétents pour le faire seuls ; la deuxième réponse était que leurs patrons ne savaient pas ce qu’était IPv6 ou que ce n’était pas leur priorité. La troisième raison était que les équipements étaient trop vieux. Aujourd’hui, ce problème n’existe plus. Nous avons un module sur IPv6 qui s’adresse aux patrons et aux gouvernements et d’autres modules pour les accompagner.
Quelle est l’actualité au sein d’AFRINIC ?
Au sein d’AFRINIC, au niveau des opérations, nous avons arrêté d’attribuer des adresses IP, car nous sommes en attente des élections des membres du conseil d’administration. La justice mauricienne nous a désigné un administrateur pour organiser les élections et permettre aux membres d’AFRINIC d’élire les nouveaux membres du conseil d’administration. Cela permettra de relancer la machine, car aujourd’hui AFRINIC fonctionne sans budget. Il y a de l’argent, mais nous ne pouvons pas l’utiliser car le conseil d’administration n’a pas pu être constitué et le contrat du directeur général est arrivé à expiration. J’appelle donc les membres du Burkina Faso et de toute l’Afrique à se tenir informés de l’actualité sur le site Web d’AFRINIC et à se préparer pour voter afin d’élire les membres de la région Ouest et des autres régions.
De l’extérieur, comment percevez-vous le développement de l’écosystème numérique au Burkina Faso ?
Depuis 2006, je suis dans l’écosystème Internet. J’étais assez jeune quand j’entrais avec notre grand frère, le regretté colonel Pierre Ouédraogo. Chaque année, les pays africains font des efforts et évoluent. Cela signifie que les choses ne stagnent pas ; dans chaque pays africain que j’ai parcouru, il y a des évolutions technologiques.
Ce n’est pas aussi rapide que nous le souhaiterions, mais il y a tout de même des avancées. Quand je regarde ce qui se passe au Burkina Faso, il y a des projets qui progressent ; la semaine du Numérique ne s’est pas arrêtée. L’ABDI, bien que relativement récente, fait de très bonnes choses pour le développement du « .bf ». Nous travaillons aussi avec l’ABDI pour sécuriser le « .bf », notamment avec le déploiement de DNSSEC (Les extensions de sécurité DNS, ndlr), en cours depuis plus d’un an avec des instances nationales qui gèrent le DNS. Ce sont des signes que la communauté progresse, même si ce n’est pas aussi rapide que dans certains pays. Il faut respecter et prendre en compte les contextes pour analyser et apprécier les progrès qualitatifs et quantitatifs des pays.
Un mot de fin ?
Le mot de fin est que l’ABDI, le régulateur et le gouvernement, via le ministère en charge de la Transition digitale, continuent d’investir dans le numérique, de s’assurer que la Semaine du numérique perdure et d’inviter les organisations africaines apolitiques qui œuvrent pour l’Internet à accompagner le continent dans son développement.
Les jeunes se sont plaints du manque de financement pour les projets innovants. J’encourage également les structures financières de l’État burkinabè à investir pour soutenir la jeunesse.
Il faut aussi que la population burkinabè sache apprécier les efforts de l’État en matière de financement des projets innovants. Ce n’est pas seulement au Burkina Faso, mais dans d’autres pays également, les fonds que l’État met pour les projets innovants ne sont jamais remboursés. Cela crée un manque à gagner qui empêche l’État d’aider les nouveaux projets. Lorsque vous investissez dans un projet, il est crucial de commencer à rembourser pour que d’autres puissent également bénéficier de ces fonds. C’est important.
« Industrie des noms de domaine internet, entrepreneuriat et autonomisation des jeunes au Burkina Faso ». C’est le thème de ce forum qui réunit plusieurs acteurs venus découvrir les opportunités entrepreneuriales que regorgent les noms de domaine.
Ils étaient trois panelistes à disséquer ce thème après l’ouverture officielle du forum qui a connu la présence d’autorités. Guy Edouard Bouda, chargé de missions à l’Association burkinabè des domaines internet (ABDI) a ouvert le bal des interventions avec un sous-thème intitulé : « Education aux compétences numériques du futur : former les jeunes sur le DNS, l’IPv6 et la gouvernance de l’Internet ».
Des jeunes fortement mobilisés pour appréhender les opportunités d’affaires des noms de domaine
Dans sa communication, l’ingénieur en réseaux et systèmes en informatique a expliqué que le nom de domaine appelé en anglais Domains name system (DNS) est l’épine dorsale de l’internet.
C’est le DNS qui permet de se connecter sur Internet, a-t-il relevé, indiquant que l’Internet offre plusieurs opportunités entrepreneuriales aux jeunes. Mais attention, prévient-il. Pour lui, les jeunes pourront profiter des opportunités de l’Internet à condition d’être mieux formés et éduqués dans ce domaine.
Pour intégrer l’industrie des noms de domaine Internet, explique-t-il, il faut avoir des compétences multidisciplinaires. « Il vous faut des compétences en réseaux des systèmes informatiques pour l’aspect sécurité ; une culture des noms de domaines en termes d’information et aussi des connaissances en marketing digital pour développer des stratégies pour la commercialisation des noms de domaine », a-t-il expliqué au public majoritairement composé d’étudiants.
Le panéliste Guy Edouard Bouda, appelle les jeunes à saisir les opportunité qu’offrent l’Internet
En plus de l’informatique, poursuit-il, il est nécessaire d’avoir des notions juridiques qui encadrent le domaine et aussi le flair du marketing digital pour la commercialisation. Avec ces atouts selon lui, les jeunes ont plus de chance de réussir dans le domaine du numérique, se convainc-t-il. Et pour cela, il fait savoir que l’ABDI, dans le cadre de ses missions, renforce les capacités des jeunes pour les permettre d’explorer utilement le milieu de l’Internet.
Des opportunités et défis pour les jeunes
Dans le cadre de ces échanges avec les jeunes, le paneliste Daouda Sorgho, spécialiste en ingénierie des systèmes informatiques a abordé le sous-thème : « Entrepreneuriat numérique : opportunités et défis pour les jeunes en matière d’industrie des noms de domaine Internet ».
De prime abord, il a encouragé les jeunes à adopter les noms de domaine .bf et à accompagner la promotion de ce nom parce qu’il représente l’identité du pays. A l’entendre, des meilleures connaissances du domaine permettent de lancer des projets entrepreneuriaux à succès. La récompense des registrars (bureaux d’enregistrement des noms de domaine) en est une preuve selon lui.
Le troisième sous-thème a porté sur la « Stratégie de marketing digital : tirer profit de l’extension de son nom de domaine pour mieux se positionner » a été animé par Clément Combary, directeur des systèmes d’information du groupe Coris.
Il a souligné l’importance de l’identité du .bf en ce sens qu’il est l’identifiant du Burkina à l’international. Utiliser le .bf est un acte de patriotisme selon lui. Mais au-delà, cela établi la confiance entre les partenaires, a insisté l’informaticien.
Le « .bf », une aubaine pour la création d’emplois
Le système des noms de domaine (DNS) est essentiel pour le fonctionnement de l’Internet. Selon Izaï Toé, Secrétaire exécutif de l’ABDI, c’est une ressource rare qui permet d’identifier l’ensemble des autres ressources comme les sites web, la messagerie électronique ou toute autre application sur internet.
Selon Izaï Toé, Secrétaire exécutif de l’ABDI, le .bf est une opportunité d’emploi
Pour lui, dans le registre officiel des noms de domaine «.bf», l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, a consacré le modèle de gestion 3R avec l’accréditation d’entreprises chargées de revendre ces noms de domaine auprès du grand public.
Cela est donc une aubaine selon lui, pour la création d’emplois et de valeur ajoutée pour les startups. « Le nom de domaine « .bf » peut se vendre à l’ensemble de la population burkinabè, les entreprises, les ONGs, les organisations étatiques, la société civile. Il peut être vendu partout dans le monde. C’est à cette échelle que nous allons pouvoir engranger des retombées financières », a indiqué Izaï Toé.
Le représentant du ministre en charge de la transition digitale, Christian Minoungou, a félicité l’ABDI pour l’initiative
La remise des prix aux trois (03) meilleurs registrars, principale innovation, a mis fin aux activités de la 3è édition de Burkina Faso DNS forum qui était placé sous le patronage du ministre en charge de la transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabané.
Ce prix vise à récompenser les agents d’enregistrement accrédités qui se sont distingués en 2024 par le nombre de noms de domaine enregistré et le chiffre d’affaires réalisé.
L’Association Burkinabè des domaines internet (ABDI) organise, le mercredi 13 novembre 2024 à Ouagadougou, la 3è édition du DNS Forum au Burkina Faso. Dans cette interview, Izaï Toé, secrétaire exécutif de l’ABDI et Président du Comité d’organisation fait le point des préparatifs à 48 heures de l’évènement. L’intérêt de ce forum, les innovations de cette édition et les conditions de participation sont aussi abordés par l’homme qui appelle le public burkinabè à prendre d’assaut le Pavillon Le Faso ex Pavillon Soleil Levant du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) pour prendre part à ce forum. Lisez plutôt !
Ouest Info : La 3è édition du DNS Forum au Burkina Faso se tiendra ce mercredi 13 novembre 2024 au siège du SIAO. Pouvez-vous nous faire le point des préparatifs ?
Izaï Toé : Effectivement, l’Association Burkinabè des Domaines Internet (ABDI), en collaboration avec l’ensemble de ses partenaires, organise la 3è édition du DNS Forum au Burkina Faso, qui se tiendra le 13 novembre 2024 au pavillon Le Faso, ex-pavillon Soleil Levant du SIAO.
A ce jour, les préparatifs vont bon train. Tout est en train de se mettre progressivement en place. Déjà, sur le plan de la logistique, nous avons tout le dispositif en place et prêt pour emploi. Pour ce qui est du traitement de la thématique de cette édition, nous avons une équipe de panélistes sous la roulette d’un modérateur qui a été mis en place. Aujourd’hui, cette équipe est en train de s’atteler pour mettre les petits plats dans les grands pour que la thématique de cette édition puisse être traité de fond en comble.
Pour ce qui est de la visibilité, nous avons une offensive communicationnelle afin de relayer ce forum aux quatre coins du monde et partager les débats et recommandations avec tous ceux qui ne pourront pas prendre part au forum. Voilà un peu ce que l’on peut retenir à 2 jours de l’évènement. En résumé, on peut retenir que tout est en place pour offrir à l’ensemble des acteurs du numérique, de l’entrepreneuriat, de l’emploi, de l’autonomisation des jeunes, du monde universitaire et des participants un forum riche et impactant au profit du développement de l’économie numérique au Burkina Faso.
Ouest Info : Quel est l’intérêt d’un tel forum ? Et surtout, pour quel public cible ?
Izaï Toé : Il faut dire qu’un tel forum est extrêmement important pour notre société toute entière, pour la société de l’information, pour l’économie numérique et la transformation digitale de notre pays. Ce forum, disons-le, a pour objectif de promouvoir l’industrie des noms de domaine au Burkina Faso. C’est un domaine qui n’est pas très bien connu du public et qui est pourtant très juteux.
En réalité, les noms de domaine ce sont des identifiants numériques sur internet et qui sont commercialisés partout dans le monde. Ils sont indispensables au fonctionnement de l’internet, des différentes plateformes comme par exemple eSINTAX qui permet de gérer, en ligne, les impôts et taxes au Burkina Faso. Il faut un nom de domaine pour permettre aux contribuables d’accéder à cette plateforme. Le nom de domaine de cette plateforme c’est esintax.bf. Le nom de domaine est donc une ressource indispensable pour le fonctionnement des plateformes numériques. C’est un monde d’économie parce que chaque nom de domaine est commercialisé et ça fait rentrer des devises dans les différents pays. C’est pour ça qu’au niveau du Burkina Faso, nous nous devons de promouvoir cette industrie pour créer des richesses supplémentaires pour notre pays en vendant les noms de domaine « .bf » non seulement au niveau national (en commercialisant cela aux structures publiques, aux entreprises, aux associations et organisations non-gouvernementales, aux organismes internationaux et aux particuliers), mais aussi et surtout à l’extérieur. Un exemple pour étayer comment les noms de domaine font rentrer des devises. Prenons le cas de la France pour « .fr ». Pour le « .fr », la France est autour de 20 millions de noms de domaine. Si vous prenez, au bas mot, 2 000 FCFA par nom de domaine et par an, vous obtenez 40 milliards de francs CFA qui sont générés par l’activité des noms de domaine « .fr » annuellement. Donc pour notre pays, c’est un défi important et nous nous devons de nous battre pour promouvoir ces noms de domaine « .bf » et pouvoir les commercialiser à l’échelle mondiale afin de capter les retombées financières de cette industrie. Autant l’or fait rentrer des devises au Burkina Faso, les noms de domaine peuvent également être mis à contribution pour mobiliser des ressources financières en visant une vulgarisation à l’échelle mondiale des noms de domaine « .bf ».
Ouest Info : « Industrie des noms de domaine internet, entrepreneuriat et autonomisation des jeunes ». C’est le thème de cette édition. Pourquoi, le choix d’un tel thème ?
Izaï Toé : Pour nous, c’est un thème capital qui va véritablement nous permettre d’explorer cette industrie des noms des domaine qui est un secteur juteux de l’économie numérique mondiale. Il y a beaucoup de ressources financières qui circulent dans le monde grâce aux noms de domaine. Ce thème va donc nous permettre d’explorer le potentiel qu’il y a derrière les noms de domaine et de le mettre à la disposition de nos jeunes pour qu’ils puissent l’exploiter pour créer des entreprises et de la richesse dans le domaine du numérique et devenir autonomes à travers la commercialisation des noms de domaine. Voilà donc pourquoi ce thème a été adopté pour faire le lien entre l’entrepreneuriat et l’autonomisation des jeunes au Burkina Faso d’avec l’industrie des noms de domaine. C’est en tout cas une grosse opportunité pour notre jeunesse de s’épanouir dans l’entrepreneuriat basé sur la commercialisation des noms de domaine « .bf ».
Ouest Info : Le DNS Forum est à sa 3è édition au Burkina Faso. Des innovations sont-elles prévues pour cette édition ? Si oui, à quel niveau ?
Izaï Toé : Il faut dire que cette 3è édition consacre un peu la maturité progressive du DNS Forum au Burkina Faso. La 1ère édition c’était en 2022. Nous avons ensuite tenu la 2è édition en 2023 et cette année 2024 la 3è édition. Cela montre que ce forum est une plateforme importante du développement de l’économie numérique dans notre pays, le Burkina Faso.
Alors, pour cette édition, nous avons pensé essentiellement à deux (02) innovations majeures. La première est relative au thème qui ambitionne de faire la démonstration d’une industrie des noms de domaine pourvoyeuse de richesses pour contribuer à l’autonomisation des jeunes au Burkina Faso . Il faut dire que cela reste une innovation parce que les autres années, les thèmes qui ont été traités étaient des thèmes plus ou moins techniques pour permettre d’asseoir les aspects administratifs et techniques du système des noms de domaine au Burkina Faso. On fait donc cette année une ouverture sur le monde économique et entrepreneurial pour montrer comment l’industrie des noms de domaine peut permettre d’autonomiser nos jeunes, de créer des entreprises et de développer du business grâce à la commercialisation de ces identifiants numérique à travers le monde. Pour nous, ça c’est une innovation majeure.
La deuxième innovation est que cette année, nous avons instauré le prix du meilleur registrar « .bf ». Ce prix va récompenser les agents d’enregistrement accrédités qui se sont distingués en 2024. Il y a un jury qui a été mis en place à cet effet et qui va évaluer l’ensemble des bureaux d’enregistrement qui sont accrédités pour la gestion des noms de domaine « .bf » et qui sont aujourd’hui au nombre de dix (10). Et la compétition va se faire entre ces 10 et on va primer les meilleurs parmi ces 10 et les inviter à toujours redoubler d’efforts pour contribuer au développement de l’industrie des noms de domaine dans notre pays. Voici donc les deux (02) importantes innovations de cette édition.
Ouest Info : Quelles sont les conditions de participation à ce forum ?
Izaï Toé : Il faut dire que c’est un forum ouvert à tous et l’accès à la salle de conférence est gratuitement offert par l’Association Burkinabè des Domaines Internet (ABDI) et son vaste réseau de partenaires. C’est un forum inclusif auquel l’ensemble des acteurs de la société de l’information et le grand public sont conviés.
Ouest Info : Pour terminer, avez-vous un appel à lancer au public ?
Izaï Toé : Oui, nous avons un appel à lancer. Nous invitons l’ensemble du public à prendre d’assaut le Pavillon Le Faso, ex Pavillon Soleil Levant du SIAO ce 13 novembre 2024 pour prendre part à ce forum. Comme je l’ai dit, c’est un forum important, novateur et qui va véritablement mettre en exergue des opportunités d’entrepreneuriat et d’autonomisation des jeunes en matière de noms de domaine internet. Nous invitons donc toute la population du Burkina Faso, du Sahel et de l’Afrique toute entière à se mobiliser pour participer à ce forum, puisque nous ouvrons ce la participation en ligne, donc, tout le monde entier pourra prendre part aux échanges.
Cet appel constitue en même temps notre mot de fin, tout en remerciant l’équipe du média en ligne Ouest Info pour cette opportunité qui m’est donnée de partager avec l’ensemble des parties prenantes et la population toute entière, l’état des préparatifs de cette 3è édition du DNS Forum au Burkina Faso qui se tiendra ce mercredi 13 novembre 2024 à partir de 14h00 au Pavillon Le Faso ex Pavillon Soleil Levant du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO).
Dans un monde où la digitalisation des entreprises est devenue un impératif, le choix du bon nom de domaine représente une première étape cruciale pour établir une présence en ligne. Pour les entreprises burkinabè, le nom de domaine « .BF », qui est l’extension nationale du Burkina Faso, offre un levier puissant pour affirmer leur identité locale tout en développant leur portée internationale. Que vous soyez une petite entreprise locale ou une organisation internationale opérant dans le pays, un nom de domaine en « .BF » peut faire toute la différence.
Renforcer votre identité locale Un nom de domaine « .BF » indique immédiatement que vous êtes une entreprise basée au Burkina Faso. Cela crée un lien de proximité avec vos clients et vos partenaires locaux, renforçant ainsi la confiance et l’engagement. Ce sentiment d’appartenance peut être décisif pour les consommateurs qui préfèrent soutenir les entreprises locales. Un domaine en « .BF » contribue à vous démarquer dans un marché de plus en plus saturé par des extensions génériques comme « .com » ou « .net ».
Améliorer votre visibilité sur les moteurs de recherche locaux Les moteurs de recherche tels que Google utilisent des algorithmes qui favorisent les résultats locaux lorsque les utilisateurs effectuent des recherches géolocalisées. En choisissant un domaine « .BF », vous bénéficiez d’un meilleur référencement sur les moteurs de recherche pour les internautes burkinabè. Cela signifie que votre site sera plus facilement accessible et visible pour les utilisateurs locaux, augmentant ainsi vos chances d’attirer du trafic qualifié.
Créer une image de marque crédible et fiable Les entreprises qui choisissent un domaine « .BF » sont souvent perçues comme plus authentiques et légitimes par les consommateurs locaux. Un domaine avec une extension nationale rassure vos clients sur le fait que votre entreprise est bien implantée au Burkina Faso et qu’elle respecte les régulations locales. Cela peut s’avérer particulièrement important dans certains secteurs comme les services financiers, l’éducation ou la santé, où la confiance est un facteur clé.
Contribuer à l’essor numérique du Burkina Faso En utilisant un domaine « .BF », vous participez activement au développement numérique du pays. Chaque domaine enregistré contribue à accroître la visibilité du Burkina Faso sur la scène internationale et à renforcer son écosystème numérique. C’est une manière de soutenir l’innovation locale et d’encourager l’entrepreneuriat au sein de la communauté burkinabè.
Protéger votre marque et éviter le cybersquattage L’acquisition d’un nom de domaine « .BF » vous permet de protéger votre marque dans le cadre burkinabè. En sécurisant votre domaine national, vous réduisez le risque que des tiers malveillants ou concurrents s’emparent de votre nom pour l’utiliser à des fins frauduleuses. Cette précaution est particulièrement importante pour les entreprises qui souhaitent établir une présence forte et durable sur le marché burkinabè.
Un prix abordable et un enregistrement simplifié L’enregistrement d’un nom de domaine « .BF » est non seulement simple mais aussi accessible financièrement. Plusieurs plateformes locales et internationales permettent de réserver votre domaine en quelques clics, avec des offres souvent adaptées aux besoins spécifiques des petites et moyennes entreprises. De plus, les frais d’enregistrement et de renouvellement sont compétitifs, ce qui rend cette option particulièrement attrayante pour les entreprises locales.
Opter pour un nom de domaine « .BF » est bien plus qu’une simple formalité administrative. C’est un véritable atout stratégique pour toute entreprise cherchant à s’imposer sur le marché burkinabè tout en construisant une marque forte, crédible et locale. En investissant dans un domaine « .BF », vous renforcez non seulement votre visibilité et votre crédibilité, mais vous participez aussi à la croissance et à la modernisation de l’économie numérique du Burkina Faso. Pour toute entreprise souhaitant s’ancrer durablement dans le paysage économique local, l’achat d’un domaine « .BF » est une décision judicieuse qui portera ses fruits à long terme.
Izaï TOE Expert en transformation digitale et gouvernance de l’internet Secrétaire Exécutif de l’Association Burkinabè des Domaines Internet (ABDI)